Apprentissage par l’erreur

L’erreur est inhérente au processus d’apprentissage. Essayer, tâtonner, rater, recommencer.

L’apprentissage par l’erreur illustre la persévérance, le goût de l’effort ou encore plus simplement la nécessité.

Prenons l’exemple d’une tâche informatique retors : vous essayez d’imprimer un document, en vain. Vous allez sans doute ouvrir le menu de configuration, vérifier et explorer chaque paramètre, lancer de multiples fois l’impression, jusqu’à parvenir à vos fins. Et comprendre pour la séance prochaine la manipulation requise.

« Entre l’entrée et la sortie, il existait un rapport purement logique. Si mon entrée était défectueuse, la sortie le serait aussi. A l’inverse, si mon entrée était parfaite, il en irait de même pour la sortie. Je n’avais encore jamais rien vu d’aussi juste et de cohérent, d’aussi impartial. »
Edward Snowden, Permanent Record, 2019

Code, crash, debug, repeat

Cet apprentissage passe par des phases de retour d’expérience, une analyse des actions et des erreurs potentielles. Puis une phase de remédiation : l’apport d’une solution ou correctif au problème, à la situation indésirable. La mise en place du dispositif permettant de combler les lacunes.

Le terme latin « error » est dérivé du verbe « errare », qui signifie « errer », « aller à l’aventure ». Tout projet est ainsi source d’ajustements permanents. Notamment la phase de projection et de modélisation initiale va venir se confronter au réel, nécessitant une phase d’adaptation. 

L’ambition initiale, l’idée même qui porte le projet et la cohérence entre chaque niveau d’objectif n’est pas linéaire mais systémique. C’est à dire que chaque facette du projet conditionne le tout, des apprentissages s’agrège à la moindre activité et chaque ajustement réoriente la dynamique globale. 

L’entrainement comme composante clé de l’apprentissage

Permettre l’apprentissage par l’erreur nécessite d’évoluer dans un environnement qui autorise et accompagne cet apprentissage. La culture d’apprentissage va ainsi constituer le terreau dans lequel se développe l’apprentissage ou à l’inverse, l’asphyxie à travers la dissimulation des erreurs voir la dissimulation de la dissimulation des erreurs.

De nouveau, la mise en place de mécanismes d’apprentissage par l’erreur passe par un double niveau de regards dans la construction du système de suivi et évaluation

  • le suivi et évaluation des projets qui passe le dialogue en continu auprès des bénéficiaires finaux (les élèves, les patients, les usagers d’un service public, etc.)
  • le suivi et évaluation de la gouvernance et des modes de management afin de vérifier la mise en adéquation des valeurs et principes avec les pratiques effectives (voir également un environnement propice à l’évaluation)

En bref : l’apprentissage par l’erreur

L’erreur est inhérente au cycle de l’apprentissage avec des phases de retour d’expérience ou chaque erreur est décortiquée pour permettre ajustements et améliorations.

Projets, programmes et politiques publiques nécessitent des ajustements permanents, afin que les modèles initiaux puissent être adaptés au réel. Visualisation, matérialisation et formalisation des erreurs par des mécanismes adaptés sont un point de départ pour permettre les réorientations. 

Un environnement bienveillant et transparent est une condition sine qua non à l’apprentissage par l’erreur. Le management par la performance uniquement peut se révéler incompatible avec l’apprentissage par l’erreur, peu enclin à laisser percevoir ses vulnérabilités et favorisant la dissimulation des erreurs.

Pour aller plus loin

Date de diffusion : 2024
Sébastien Galéa