Théorie d’action

La théorie d’action est la modélisation des étapes opérationnelles d’un programme. Elle se distingue de la théorie du changement qui illustre les hypothèses qui sous-tendent le programme : sa stratégie. Théorie d’action plus théorie du changement formeraient ainsi la théorie de programme.

En réalité, opérations et stratégie se confondent, il est souvent complexe de distinguer strictement les deux, ainsi il est souvent d’usage d’illustrer théorie d’action et théorie du changement sur un même et seul diagramme.

La distinction permettra de différencier plus spécifiquement ce sur quoi le programme à prise (ce qui est sous sa responsabilité, par exemple la programmation des activités) de paramètres contextuels fluctuants (par exemple un changement législatif) sur lequels le programme n’a pas de prise directe mais qui va influer sur ses résultats.

L’intérêt est alors d’apprécier et de distinguer dans le suivi des résultats ce qui résulte :
– de problématique de mise en oeuvre, de management, c’est à dire d’éléments opérationnels
– de vices de conception, d’une stratégie inadéquate.

A titre indicatif, cette distinction était déjà au coeur de la méthode du cadre logique.

Exemple : théorie de programme – réduire l’impact environnemental de l’industrie touristique
Sur la gauche, le processus strictement opérationnel (théorie d’action) sur lequel repose ce projet qui vise la préservation de la biodiversité dans le secteur du tourisme. Sur la droite, les effets attendus (théorie du changement). L’intérêt est de conceptualiser l’intervention avant son opérationalisation, l’adapter au besoin puis, une fois lancée, s’en servir de support pour le suivi et évaluation. Est-ce que cela a fonctionné ? Pour qui et dans quel contexte ? Pourquoi ? Selon qui ? Et maintenant ?

Théorie du changement et théorie d’action s’imbriquent forcément. Par exemple dans l’exemple ci-dessus, la nouvelle règlementation sur les pesticides ou les nouvelles consignes de tri vont forcément interférer avec les résultats attendus du programme. Mais encore, ces effets exogènes doivent être absorbés à un niveau programmatique, permettre l’actualisation de l’action, par exemple en mettant à jour les contenus de formation en fonction des nouvelles législations. Ne pas faire évoluer le projet en fonction des modifications extérieures serait aussi bien une lacune opérationnelle qu’un manquement stratégique. 

Théorie d’action et théorie du changement se distinguent néanmoins au niveau de la légende :

Au niveau de la théorie du changement, la flèche représente un lien de causalité : « si…alors ». Par exemple :

 » Si les techniques présentées en formation sont adoptées par les référents biodiversité… alors le complexe hôtelier va réduire sa consommation de pesticides. »

Cette légende va être affinée tout au long du projet : aucun effet détecté, effets limités, effets modérés, effets notables… en lien par exemple avec l’IFT, l’indicateur de fréquence de traitement.

Plus modestement, au niveau de la théorie d’action, le lien est avant tout séquentiel à des fins de planification : si… les programmes de formation sont élaborés, si l’organisme de formation est recruté, etc. …alors les formations sur site pourront débuter.

Des liens séquentiels à des fins de planification

Même si ces liens sont séquentiels, la rétroaction demeure. L’élaboration du curriculum de formation amorce forcément une réflexion sur la pertinence du cahier des charges qui le sous-tend ; le déploiement des formations déclenche une réflexion immédiate sur l’adéquation du curriculum qui le sous-tend, etc.

En bref :
« si vous avez l’intention de produire la conséquence C dans la situation S, alors, faites A »
A correspond à la théorie d’action. Source : « Apprentissage organisationnel – Théorie, méthode, pratique de Argyris et Schön, 1996 »



Date de diffusion : 2023