Entretiens individuels

L’entretien est une technique d’enquête qualitative visant la production de connaissances :

  • Libre (ou non-directif)
  • Semi-directif (semi-structuré, centré)
  • Directif (questions ouvertes ou fermées)

L’entretien permet le recueil de faits, d’analyses, d’opinions, de motivations, de perceptions, d’interprétations, de tranches de vies.

L’intérêt est d’obtenir des réponses spontanées, contextualisées, non-bridées par des choix prédéfinis, de laisser un temps de réflexion pour l’analyse de problèmes complexes. Le répondant utilise son propre vocabulaire, ses propres références et ouvre potentiellement de nouvelles pistes d’investigations.

L’entretien est complémentaire au questionnaire afin d’équilibrer une approche qualitative et quantitative.

Dans le cadre de la mise en place d’un Système de Suivi et Evaluation, le but premier est de recueillir une diversité de points de vue, nécessaire au principe de pluralité de l’évaluation. Est-ce qu’une diversité suffisante de parties-prenantes est interrogée ? Est-ce qu’une diversité suffisante d’usagers est interrogée ?

Est-ce que les entretiens sont programmés suffisamment tôt dans le cycle de projet afin d’éclairer le contexte, la problématique abordée, le type de réponses envisagées par le projet, puis les effets naissants à peine une activité est-elle engagée ?

La démarche est ainsi transversale mais aussi longitudinale :

  • une multiplicité de parties prenantes interrogées
  • des entretiens récurrents et programmés tout au long du cycle de projet

Une première grille de questions va ainsi accompagner le développement du programme, permettre de :

i. présenter un diagnostic initial
ii. formuler une stratégie d’intervention
iii. soumettre pour appréciation le modèle de réponse préconisé.

Dès l’élaboration du Système de Suivi et evaluation, des questions évaluatives sont explicitement formulées, présentées, suivies et hiérarchisées jusqu’à l’évaluation finale (voire idéalement ex-post) et intégration dans le cycle d’apprentissage des parties prenantes.

Au-delà de l’évolution du contexte, la relation de confiance entre répondant et évaluateur va fortement évoluer : le partage d’information devenant plus fluide au fil du temps. Également un entretien pourra être écourté lorsque l’on atteint une certaine saturation de contenu : le répondant a déjà émis les éléments qu’il souhaite partager. Enfin, quelle que soit la technique d’entretien sélectionnée et le protocole, l’évaluateur va devoir s’adapter à son interlocuteur : prolixe ou en retenu, à l’aise sur les enjeux ou méfiant, féru d’évaluation ou sceptique…

Les préalables :

➡ Etablir un guide d’entretien

Préciser l’objet de l’évaluation, le déroulé de l’entretien et le mode de restitution.

En fonction du mode d’entretien (libre à directif), établir la grille de questions ou de thématiques à aborder.

➡ Définir l’échantillon

Le nombre nécessairement limité de personnes à interviewer nécessite un compromis dans la diversification de l’échantillon. Le but étant d’obtenir dans le nombre d’entretiens planifiés une palette de parties prenantes et de visions la plus diverse possible. En fin d’entretien, l’interviewé recommande souvent un nouvel interlocuteur potentiel. Tout en essayant d’éviter les réseaux, il est intéressant de conserver une marge de manœuvre pour intégrer des entretiens non-planifiés en cours d’évaluation.

➡ Etablir un protocole

L’objet de l’évaluation et le mode de restitution doit être présenté de manière similaire et neutre à chaque personne interrogée et tel que formulé dans le guide d’entretien.

Autant que possible, chaque interlocuteur devrait être reçu dans les mêmes conditions, en terme de confort comme de durée d’entretien. Des problèmes d’agendas bousculés et de retard des répondants peuvent être récurrents : une estimation d’un temps d’interview incompressible est à envisager. Dans le cadre d’une évaluation courte ou un seul créneau d’interview a été programmé, en cas d’empêchement ou retard important du répondant, cela signifie malheureusement parfois l’absence totale de prise en compte d’une voix de partie prenante.

➡ Caractéristiques de l’entretien :
  • Le traitement, retranscription et analyse d’un entretien est long, ce qui implique un échantillon réduit
  • Les propos sont analysés à travers la perception de l’évaluateur en premier lieu, ce qui introduit un certaine partialité, l’enregistrement permet à minima de reproduire fidèlement certains propos

En fonction de sa grille de questions, les interventions de l’évaluateur sont de 3 types :

  • Recentrer lorsque l’interviewé s’éloigne du périmètre de l’évaluation
  • Approfondir les analyses qui font écho aux questions évaluatives
  • Reformuler pour s’assurer que le point de vue émis correspond bien à la pensée de la personne interrogée

Il n’est pas si simple d’introduire une question ouverte : nous avons parfois tendance à justifier la pertinence de la question ou à vouloir démontrer à quel point nous avons bien compris le programme et ses enjeux. Il faudra ainsi éviter les présupposés (j’imagine que…) ou les jugements de valeurs afin de ne pas pousser le répondant dans notre grille d’analyse.

Exemples de grilles d’entretiens :

Exemple grille d’entretien Caritas dans le cadre d’un diagnostic sur les dispositifs de suivi évaluation. Extrait : Analyse de la pratique du suivi-évaluation des projets
humanitaires mis en œuvre par Caritas Bénin dans un contexte
d’urgence
, EL-Oumar Aboubakar, 2017

Voir également :

Pour aller plus loin
Les outils de collecte

Date de première diffusion : 2016
Dernière actualisation : 2024