L’économie sociale et solidaire s’appréhende à travers un certain nombre de valeurs. Dans la loi Hamont de 2014, des valeurs déclinées en principes :
- poursuivre un but social autre que le seul partage des bénéfices
- une gouvernance démocratique et participative
- une lucrativité encadrée (notamment des bénéfices en grande partie consacrés au maintien ou au développement de l’activité)
L’évaluation de l’économie sociale et solidaire, quel que soit le périmètre, en tant que politique publique, en tant que contribution à l’intérêt général ou encore à l’échelle des actions ou projets portées par les structures se reconnaissant de l’ESS devrait ainsi porter sur ces valeurs ou sur d’éventuels écarts par rapport à ses valeurs.
Si les structures de l’ESS sont encouragées à s’auto-évaluer en fonction de ces critères (puissance transformatrice, dimension collective et solidaire, responsabilité, émancipation, innovation, dialogue, pratiques démocratiques,…), leurs actions sont toujours appréciés à travers des critères classiques d’efficacité, de performance, de justification de l’impact et à travers des dispositifs de mise en concurrence.
Les plus grands cabinets d’audit financier se positionnent dans l’accompagnement à l’évaluation de l’ESS comme marchés. Le tout dans le cadre de politiques publiques et d’une gouvernance nationale ne disposant pas d’un système de suivi et évaluation établi et fonctionnel, ni même d’une loi d’institutionnalisation de l’évaluation (voir la gouvernance de l’évaluation).
Les politiques publiques à l’échelon national aurait ainsi intérêt à mobiliser les acteurs de l’ESS, déjà partiellement rôdés à l’évaluation de projets dans l’évaluation des politiques publiques dans lesquels ils s’insèrent pour une pratique croisée de l’évaluation.
En bref :
- ne pas se limiter à l’évaluation de l’efficacité des structures ou actions de l’économie sociale et solidaire mais incorporer le respect, l’ancrage ou l’écart aux valeurs affichées
- restreindre les accompagnements à la mise en place de système de suivi et évaluation ou les évaluation externes des structures ESS à des acteurs se réclamant des valeurs de l’ESS et non des cabinets d’audit orientés principalement sur la performance
- les structures de l’ESS évaluées doivent exiger l’évaluation des politiques publiques dans lesquelles elles s’insèrent, notamment afin de s’appuyer sur des données plus globales et impulser une responsabilité partagée
Pour partager vos réflexions et échanger sur le sujet :
➡ Economie sociale et solidaire : définir et mesurer l’utilité sociale (groupe linkedin)
Pour aller plus loin :
Articles
- L’économie sociale et solidaire n’existe pas, Matthieu Hély, La vie des idées, février 2008
Conférence gesticulée
- Je jure de lutter en toute loyauté – ESS117 – L’innovation sociale et la start-up nation – une conférence gesticulée de Gwendal Evenou
Evaluation de l’économie sociale et solidaire
- Avis du conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire sur le bilan de la loi 2014, Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire, 2023
- L’évaluation de l’apport de l’économie sociale et solidaire, Philippe Frémeaux, Septembre 2013
- Evaluation du pilotage de la politique publique d’économie sociale et solidaire, Inspection Générale des Finances, Inspection Générale des Affaires Sociales, juillet 2013
- Construire une démarche d’évaluation partagée, une expérimentation dans le Pas-de-Calais, réseau DEMEVA, coordonnée par Mathieu Dujardin, 2009
Publications
- Travailler sans patron, Mettre en pratique l’économie sociale et solidaire, Simon Cottin-Marx, Baptiste Mylondo, Folio, 2024
- L’évaluation de l’économie sociale et solidaire : comment cheminer vers la complexité ? E. Lavoine, F. Ottaviani, PUG, juin 2023
- La déclaration d’engagement de l’ESS, Pour une République sociale et solidaire : nos raisons d’agir, ESS France, 2021
- L’économie solidaire en mouvement, Josette Combes, Bruno Lasnier, Jean-Louis Laville, 2022
- Évaluer l’économie sociale et solidaire : socioéconomie des conventions d’évaluation de l’ESS et du marché de l’évaluation d’impact social, M. Studer, 2022
Du social business à l’économie solidaire, critique de l’innovation sociale, Maïté Juan, Jean-Louis Laville, Joan Subirats, mars 2020
L’innovation sociale est partout considérée comme vertueuse mais cet éloge unanime ne saurait faire illusion. Elle regroupe en fait un ensemble de pratiques très diversifiées, voire divergentes. Deux approches contrastées sont ici dégagées : la première qualifiée de social business se contente d’une amélioration du modèle économique dominant, l’innovation s’inscrivant dans une perspective réparatrice et fonctionnelle ; la seconde, du côté de l’économie solidaire, a pour horizon une démocratisation de la société.
- Les communs de capabilités : une analyse des Pôles Territoriaux de Coopération Economique à partir du croisement des approches d’Ostrom et de Sen, Geneviève FONTAINE, 2019
- Loi relative à l’économie sociale et solidaire du 31 juillet 2014 par les acteurs de l’économie sociale et solidaire et le conseil national des CRESS, décembre 2014
En une trentaine de pages, une lecture de la loi ESS du 31 juillet 2014 par un échantillon de ces représentants : le Mouves, le RTES, le Labo de l’ESS, Les SCOP, la Mutualité Française, le Mouvement Associatif, et la Plate-forme Pour le Commerce Equitable. Le tout coordonné par le CNCRES avec un soutien de la Caisse des Dépôts.
- Vivre ensemble, une utopie nécessaire ? Martine Le Poulennec, janvier 2014
Le « Vivre ensemble » fait partie de ces concepts ressassés tant par les politiques que les médias. A l’heure de l’individualisme, de la peur de l’autre, de la concurrence exacerbée entre les individus, des injustices flagrantes tant économiques que sociales, du repli sur soi et du communautarisme, cette expression a-t-elle encore un sens ? Que signifie-t-elle pour les simples citoyens que nous sommes ? La qualité des liens sociaux tient d’abord aux acteurs eux-mêmes : citoyens, consommateurs, habitants des territoires, hommes et femmes de tous âges, de toutes origines, de toutes professions.
- L’économie sociale et solidaire : de l’utopie aux pratiques, Matthieu Hély, Pascal Moulévrier, La Dispute, coll. « Travail et salariat », 2013
Cheville ouvrière de nombreuses politiques dans le domaine de l’insertion par l’activité économique, des services à la personne, du soin, de l’accès au crédit, etc., l’économie sociale et solidaire est considérée comme une solution d’avenir face à l’affaiblissement de la cohésion sociale engendré par la crise. « Alternative au capitalisme » selon les uns, remède à la « crise de l’État-providence » selon les autres : qu’en est-il réellement et que peut-on en attendre ?
- Code de l’économie sociale et solidaire en France, Wilfried Meynet, Larcier, 2012
- La notion d’utilité sociale au défi de son identité dans l’évaluation des politiques publiques- Claudine Offredi, Françoise Ravoux – 2010 – L’Harmattan
- Economie sociale (n.5297/98) – La solidarité au défi de l’efficacité – Nouvelle édition, Thierry Jeantet, La Documentation Française », 2009
- L’économie solidaire, une perspective internationale, Jean-Louis Laville, nouvelle édition, Paris, Hachette, 2007
- Dictionnaire de l’autre économie, Jean-Louis Laville et Antonio-David Cattani, Desclée de Brouwer, Paris, 2005
- Économie solidaire et démocratisation de l’économie, Laurent FRAISSE, Hermès n°36, 2004
- Economie solidaire et démocratie, Eric Dacheux, Jean-Louis Laville, Hermès n°36, 2003
- Le tiers secteur. L’économie sociale et solidaire : pourquoi et comment ? Paris, La découverte, Alain Lipietz, 2001
- La Grande Transformation, aux origines politiques et économiques de notre temps, Karl Polanyi, 1944
- Economie et société, Max Weber, 1922
Rapports
- Rapport parlementaire sur le développement de l’économie sociale et solidaire, Francis Vercamer, Avril 2010
Pour en savoir plus
- Le Labo de l’ESS
- Conseil National des Chambres Régionales de l’Economie Sociale (CNCRES)
- Avise
- La lettre de l’Economie Sociale
- Mouvement des entreprises écologiques, sociales, solidaires
Date de publication : 2010
Dernière actualisation : 2024