La chaine de résultats communément utilisée dans le cadre de la Gestion Axée sur les Résultats comporte 5 maillons.
Considérons cet exemple basique :
Amélioration des conditions de travail des étudiants
Si dessous la modélisation effectuée par les équipes du projet :
- Si nous réunissons les ressources nécessaires (bois, vis, outils…) alors nous pourrons entreprendre les étapes de fabrication du mobilier
- Si nous entreprenons les étapes de fabrication alors nous réaliserons notre produit : le mobilier de l’environnement de travail
- Si l’étudiant dispose d’un environnement de travail adéquat et du matériel indispensable alors il pourra étudier dans de bonnes conditions
- Si l’étudiant dispose de bonnes conditions de travail alors le projet contribuera à l’obtention de son diplôme
Bien sûr il s’agit ici d’une explicitation de la cohérence de la chaine, en remontant les étapes des activités les plus pragmatiques à des effets attendus moins certains. La construction de la chaine se réalise préalablement dans l’autre sens en partant de l’objectif le plus élevé : quelles sont les conditions nécessaires et indispensables à l’obtention du diplôme ? Voir également ici les phases d’analyses.
Quelle est la cohérence de la chaine de résultats présentée ci-dessus ?
Il sera aisé de suivre et évaluer l’enchainement des étapes sous le contrôle et la responsabilité du projet (c’est à dire les 3 premiers maillons : ressources-activités-réalisations). Le matériel a-t-il été reçu en quantité et dans les délais suffisant ? Les étapes de fabrication ont-elles été respectées ? Quelle est la qualité du mobilier réalisé ?
Il sera néanmoins beaucoup plus complexe d’analyser les étapes suivantes car bénéficier d’un environnement de travail adéquat est une condition en partie nécessaire mais globalement insuffisante. Il conviendra donc d’identifier des facteurs et dynamiques similaires, concourant au même résultat, comme par exemple une bonne hygiène de vie ou l’organisation de son temps de travail.
Et de la même manière, des facteurs et dynamiques adverses affectant la capacité d’étude malgré un environnement de travail adéquat : par exemple une charge de travail démesurée ou des problèmes personnels.
Plus le contexte est incertain et plus nous pourrons observer les limites de ce type de modélisation, linéaire, basé sur la logique rationnelle des concepteurs du projet, avec la limitation cognitive de prendre en compte l’ensemble des variables contextuelles et psychologiques affectant le cours des évènements dans le monde réel.
Comme toute modélisation, elle sera forcément réductrice de la complexité des dynamiques en cours et à venir.
Exemple de chaîne de résultats dans un programme d’appui aux média
Des degrés de confusion multiples
Au-delà de cette simplification du réel, le vocabulaire préconisé engendre des degrés de confusion multiples.
Tout d’abord, la distinction entre output et outcome n’est pas spontanée pour les francophones. Néanmoins, rassurez-vous, divers niveaux de confusions demeurent pour les anglophones également :
- Entre ressources et activités : dans le manuel de référence du cadre logique, les ressources ET les activités sont considérées sous la même bannière inputs
- Entre activité et réalisation : par exemple, une formation est-elle une activité ou un réalisation ? Et bien tout dépend de votre rôle dans le programme : pour un organisme de formation, il s’agira d’une réalisation/produit. Pour un chargé de programme, d’une activité lui permettant d’acquérir des compétences nécessaires à la construction de ses propres « réalisation/produit ».
- Entre produits/réalisation et effets : la définition du glossaire du CAD est ouverte (voir ci-dessous). Comme précédemment cela dépend également de votre position dans l’écosystème. Une réforme (par exemple l’interdiction du glyphosate) sera une réalisation au niveau gouvernemental et un effet pour une ONG de plaidoyer ayant réussi à faire passer son message.
- Entre effets et impact
L’impact est considéré dans le glossaire du CAD/OCDE comme l’ensemble des effets les plus lointains. Quid des nouvelles générations de programmes à impact rapide (visant un changement de comportement profond et immédiat) ? En effet, dans le vocabulaire courant, un impact peut également être lié à un choc, instantané.
Enfin, ce vocabulaire pourra allègrement être décliné en fonction des cultures organisationnelles internes, des compréhensions diverses selon les parcours individuels, les formations et organismes de formation, les apprentissages sur le tas…
Néanmoins, au-delà des enjeux de vocabulaire, l’enjeu reste le même : anticiper et analyser les liens de causalité au fur et à mesure du déroulé de l’action. Voici une version du modèle logique que nous vous suggérons d’utiliser.
Date de première diffusion : 2018
Dernière actualisation : 2022
Pour aller plus loin
- Théorie du changement
- Théorie d’action
- Chaine de résultats
- Chaine de résultats/Gestion Axée sur les Résultats
- Modèle logique
- Facteurs de fragilité d’une modélisation