Evaluation ex-ante

Ex ante est une location latine signifiant « d’avant », « par avant », « au préalable ».

Une évaluation ex ante intervient ainsi avant la phase de mise en oeuvre.

Elle va analyser la justesse du diagnostic initial et confronter à un regard extérieur les hypothèses qui sous-tendent l’action. 

En terme de critères, l’évaluation ex-ante va s’intéresser en premier lieu à la pertinence et à la cohérence de l’intervention.

Mais également à l’intensité nécessaire, aux types de partenariats à nouer, au délai de démarrage approprié, à la durée requise de l’action. Ou encore, aux effets attendus.

Ce vocabulaire est issu de la finance et du champ de l’économie : l’évaluation ex-ante englobe alors une étude de faisabilité, l’appréciation des risques et de la viabilité, la solvabilité dans le cadre d’un prêt bancaire.

Nous entendrons ici par évaluation ex-ante en premier lieu les initiatives permettant de confronter nos modélisations avec de multiples parties prenantes afin d’ajuster notre action.

En bref : l’évaluation ex-ante intervient en phase d’écriture d’un projet, suite à l’analyse du contexte et de l’ébauche d’un premier scénario de réponse. Il s’agit d’affiner la modélisation avant la phase de mise en oeuvre.

Dans le cadre de la mise en place d’un système de suivi et évaluation, lorsque l’intégration du SE dans le cycle de projet n’exige pas un regard extérieur formalisé à ce stade (par exemple via un appel d’offre), nous entendrons par évaluation ex-ante toute démarche d’évaluation visant à intégrer des ajustements et à valider la logique d’intervention via une contribution active d’usagers ou de parties prenantes variées. Pour autant, les contributions de parties prenantes sont censés avoir été intégrées bien en amont et dès la phase initiale de diagnostic.

Concrètement, toute analyse de demande de subvention ou de financement est une forme d’évaluation ex-ante par le bailleur de fond ou l’autorité contractante. Dans ce cadre, l’évaluation ex-ante intègre au-delà de la qualité de service rendu aux usagers une notion de cohérence interne : en quoi le projet résonne-t-il avec le mandat, le coeur de métier, les valeurs de l’autorité contractante. Cela requiert également un positionnement stratégique du bailleur de fonds : accompagner des forces vives du territoire dans le cadre d’un partenariat et d’une responsabilité partagée – ou encore un approche neutre afin de laisser la même opportunité à chaque postulant ?

Illustration : exemple d’intégration de l’évaluation ex-ante dans un parcours de projet à la Banque Mondiale

« …tout ceci se cristallise, se condense inéluctablement dans un Initial Executive Project Summary – ce dernier est suivi par un Final Executive Project Summary; lequel est suivi par une mission d’évaluation ex ante dans le pays en cause (pre-appraisal). Ce dernier déclenche un audit par la Commission des Opérations Régionales et par la Commission des Opérations Générales. Si le projet est toujours vivant, il acquiert à titre plein la qualité de projet, mais sous forme provisoire. Devenu document, il est tout d’abord revêtu d’une couverture blanche, et diffusé dans la division compétente pour commentaires internes ; sous couverture verte, il circule dans d’autres services concernés, pour finalement accéder sous couverture grise au saint des saints du comité exécutif, qui siège chaque mois tout en haut du gigantesque immeuble blanc du n°1818, H street à Washington. L’ensemble du processus peut durer un à deux ans, et reste soumis à la décision finale du comité exécutif (les « ED » en jargon, executive directors) devant lequel le responsable de projet se doit de le soutenir personnellement. On comprend que cet instant soit décrit par le personnel de la Banque comme un instant de « terreur », celle notamment de « se voir poser une question à laquelle on ne peut pas répondre »… »

Le prêt et le résultat – élements d’une chronique de l’évaluation à la banque mondiale, Jean-François Baré, L’harmattan, 1997


Date de 1ère diffusion : 2018
Date de dernière actualisation : 202
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