Les enquêtes CAP (Connaissances, Attitudes et Pratiques) ont été élaborées dans les années 1960 avec pour intention de mesurer et éclairer la compréhension, les usages et les pratiques des populations en terme de planification familiale et appréhender, en fonction des territoires, une éventuelle hostilité à ces mêmes programmes.
Les enquêtes CAP se réalisent par le biais de questionnaires et permettent de révéler et de visualiser, à l’échelle d’un territoire donné : des us et pratiques, des croyances, des comportements, des manières d’agir ou de penser. Ces angles de recherche ont été regroupés en 3 grandes catégories : les connaissances, les attitudes et les pratiques.
Connaissances : l’ensemble d’informations connues, sues, acquises sur un sujet donné. Il s’agit de données informatives ou de faits qu’une personne a assimilé concernant un domaine spécifique.
Attitudes : se réfère à une posture, un positionnement, une prédisposition à agir dans un sens particulier (favorable ou défavorable) au regard d’une personne, d’un groupe, d’une idée…
Pratiques : les pratiques correspondent à la mise en exécution d’actions concrètes et observables
Les enquêtes CAP sont souvent utilisées dans le domaine de la santé mais peuvent s’avérer utiles dans une multitude d’actions ou un éclairage des ressorts de motivation est un préalable indispensable à l’écriture puis l’exécution du projet. Ou parallèlement lorsqu’un changement de comportement est attendu de la part de parties prenantes, par exemple :
- mobilité durable (développement du covoiturage, promotion de marche ou du vélo,…)
- lutte contre la déforestation
- réduction de la violence en milieu scolaire
- arrêt de la défécation à l’air libre
- lutte contre l’obésité
- réduire le gaspillage alimentaire
- gestion des déchets
- remise sur le marché de logements vacants,
- …
Certaines critiques faites à des enquêtes CAP sont parfois simplement dues à un manque de rigueur méthodologique dans la phase de collecte des données (mauvaise qualité des questionnaires, échantillonnage approximatif, biais multiples et variés, etc.). La méthode n’est pas en cause !
Ou encore, à l’inverse, sous couvert de rigueur méthodologique, de longs questionnaires compilant des variables démographiques classiques (situation familiale, revenus, etc.) mais sans lien direct avec les actions de terrain, lesquelles nécessiteraient une sélection de variables sur mesure et beaucoup plus spécifiques.
Exemples d’enquêtes CAP
Exemple 1 : un trace d’enquête CAP dans le domaine de la planification familiale en Inde, dès 1967
En 1967, l’Inde était déjà engagée dans des efforts de planification familiale depuis plusieurs années, cherchant à contrôler sa croissance démographique rapide. L’enquête a été mené a diverses fins :
- Comprendre la situation : Ces enquêtes visaient à mesurer et éclairer la compréhension, les usages et les pratiques des populations en matière de planification familiale
- Évaluer l’acceptation : Elles permettaient d’appréhender, en fonction des territoires, une éventuelle hostilité aux programmes de planification familiale
- Informer les politiques : Les résultats de ces enquêtes pouvaient aider à orienter et ajuster les politiques et programmes de planification familiale en fonction des connaissances, attitudes et pratiques réelles de la population.
- Identifier les obstacles : Ces enquêtes permettaient de révéler les croyances, comportements et pratiques qui pouvaient freiner l’adoption de méthodes de planification familiale.
- Adaptation culturelle : Dans un pays aussi diversifié que l’Inde, ces enquêtes aidaient à adapter les approches de planification familiale aux contextes culturels spécifiques de différentes régions
Exemple 2 : enquête COVID-19 => modes de transmission et comportements préventifs
Dans le cadre de la pandémie de COVID, mieux percevoir le lien entre les connaissances du public (modes de transmission, contagiosité, facteurs de risque,…) et les comportements (respect des gestes barrières, respect de l’isolement, port du masque, distanciation,…) permet d’adapter la réponse.
Les différents objectifs de l’enquête :
- Évaluer le niveau de connaissances de la population sur le virus, ses modes de transmission, sa contagiosité et les facteurs de risque.
- Comprendre les attitudes et perceptions du public vis-à-vis de la pandémie, des mesures sanitaires et de la vaccination.
- Mesurer l’adoption réelle des comportements préventifs recommandés (gestes barrières, port du masque, distanciation sociale, etc.).
- Identifier les obstacles à l’adoption des comportements préventifs, qu’ils soient liés aux connaissances, aux attitudes ou à des facteurs pratiques.
- Adapter les stratégies de communication et les interventions de santé publique en fonction des résultats
- Suivre l’évolution des connaissances, attitudes et pratiques au fil du temps, pour ajuster les réponses à la pandémie.
- Comprendre les différences entre groupes sociodémographiques pour adapter les approches.
- Anticiper les comportements futurs, notamment concernant l’adhésion à la vaccination.
- Fournir des données pour guider les décisions politiques et sanitaires dans la gestion de la pandémie.
Le graphique ci-dessous est extrait d’une étude de l’Institut Pasteur et cible spécifiquement la compréhension des intentions vaccinales (2021)
Qu’est ce qui pourrait déclencher le passage à l’acte chez les personnes réticentes à la vaccination ?
Exemple 3 : enquête auprès des épidémiologistes
Le type d’enquête de l’exemple 2, réalisée auprès du public dans le cadre de l’épidémie de COVID aurait également trouver tout son sens à être effectuée auprès des épidémiologistes et de la communauté scientifique dans son ensemble. Ceci afin de dégager des consensus ou distinguer ce qui révèle du domaine de la science (connaissances acquises) et de la recherche (connaissances en cours d’acquisition).
Titre : « Enquête CAP sur les connaissances, attitudes et pratiques des épidémiologistes face à l’émergence du SARS-CoV-2 »
Objectif : Évaluer l’état des connaissances, les attitudes et les pratiques des épidémiologistes au début de la pandémie de COVID-19 afin d’identifier les tendances, les proportions d’opinions et les domaines de convergence ou de divergence au sein de la communauté épidémiologique.
Population cible : Épidémiologistes et experts en santé publique spécialisés dans les maladies infectieuses.
En bref : les enquêtes CAP
Une enquête CAP (Connaissances, Attitudes, Pratiques) est un outil d’étude qui vise à mesurer et à comprendre ce que les individus savent, pensent et font à propos d’un sujet donné, souvent lié à la santé ou à un comportement social. Les principaux objectifs d’une enquête CAP sont :
– Évaluer les connaissances: Mesurer le niveau d’information des individus sur un sujet précis
– Identifier les attitudes: Déterminer les opinions, les croyances et les sentiments des individus envers le sujet étudié
– Déterminer les pratiques: Comprendre les comportements réels des individus liés au sujet étudié
L’enquête CAP est un outil de choix (mais insuffisamment sollicité) dans la mise en place d’un système de suivi et évaluation. Notamment en phase de montage de projet, afin d’éclairer le diagnostic initial.
Pour en savoir plus
- Enquêtes sur les connaissances, attitudes et pratiques en matière de protection de l’enfant, Guide des programmes de protection de l’enfant pour concevoir et appliquer pas-à-pas les méthodes d’enquête CAP, Save the children, 2012
- Les enquêtes CAP, Médecins du Monde, 2011
- Connaissances, attitudes et pratiques dans l’éducation au risque : mettre en oeuvre les études CAP : guide à l’intention des chefs de projet pour les études CAP. Handicap international, Fabienne Goutille F, 2009
- Advocacy, communication and social mobilization for TB control, A guide to developing knowledge, attitude and practice surveys, WHO, 2008
Autres méthodes
- Capitalisation d’expérience
- Etude monographique
- Enquêtes CAP
- Evaluations d’impact
- Gestion Axée sur les Résultats
- Photovoice
- Recherche action
Etape 3 : sélection des méthodes
Date de première diffusion : 2020
Dernière actualisation : 2024
Sébastien Galéa