Tableau de bord prospectif

L’adaptation du tableau de bord prospectif à une action publique

L’enjeu lors de la sélection de critères d’évaluation est tout d’abord de réussir à obtenir une vision d’ensemble avant d’aller creuser des problématiques spécifiques.

Inspiré du « Balanced Scorecard » de Robert Kaplan et adapté aux actions d’intérêt général, le tableau de bord ci-dessous propose d’approfondir et de conserver simultanément 4 champs de vision.

Tableau de bord prospectif pour une action publique
tableau de bord prospectif www.eval.fr
Le tableau de bord utilisé par EVAL contient 4 focales systématiques : contexte, usagers, partenaires, cohérence interne.

A chaque champ de vision ou focus correspond des critères spécifiques :

FOCUS CONTEXTUEL 

La compréhension du terrain et des dynamiques en cours :

le diagnostic initial : dans quelle mesure la connaissance du territoire ou du domaine d’activité est-elle suffisamment éclairée ?

les dynamiques : dans quelle mesure l’institution est-elle capable de détecter et repérer des signaux faibles ou des tendances ?

la pertinence : dans quelle mesure les domaines d’action et mesures sélectionnés correspondent-ils aux besoins spécifiques du territoire ou du moment présent ?

➡ l’intensité : est-ce que le volume d’action est suffisant pour obtenir les résultats espérés ?

 ➡ la prise de risque : quel est le niveau de risque associé à la solution envisagée ? la prise de risque est-elle explicitement formulée et documentée ? est ce que cette prise de risque est partagée entre les partenaires ?

FOCUS USAGERS 

Un regard sur les usagers, un point de focus sur la compréhension des bénéficiaires :

la consultation : dans quelle mesure la population cible est-elle consultée et impliquée dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique publique, du programme ou du projet ?

➡ l’acceptation(dans quelle mesure la politique publique, le programme ou le projet est-il accepté par la population cible ?

l’adhésion : dans quelle mesure la population adhère-t-elle à la politique publique, au programme ou au projet ?

➡ l’appropriation : dans quelle mesure la population s’approprie-t-elle ou se ré-approprie-elle la politique publique, le programme ou le projet ?

la satisfaction : dans quelle mesure la population cible est-elle satisfaite de la politique publique, du programme ou du projet ?

les effets à court, moyen et long terme : quels sont les effets positifs ou négatifs, directs ou indirects, attendus ou inattendus, générés par l’intervention ?

FOCUS PARTENAIRES ET PARTIES PRENANTES 

La compréhension des interactions entre acteurs et relations de partenariat :

➡ la cohérence externe : existe il des situations de concurrence, des chevauchements d’activités, des rivalités, des antigonismes entre les parties prenantes, affectant le déroulé de l’action ?

➡ la qualité des partenariats : les partenariats sont-ils équilibrés ? les efforts sont-ils partagés ? le degré d’implication et les motivations ? le temps et les ressources ? l’ambition de maintenir une relation sur le long terme ? 

➡ le degré de confiance : dans quels mesure les partenaires collaborent de manière souple et fluide ? partage des informations de manière spontané ? respectent leurs engagements  ? partagent les prises de risque ?

FOCUS INTERNE

Une vision introspective en terme de :

savoir faire : dans quelle mesure l’institution chargée de l’action possède-t-elle les compétences techniques, les connaissances spécialisées et l’expérience pratique requises pour mener à bien sa mission ?

mandat : dans quelle mesure l’organisation dispose-t-elle d’une délégation de pouvoir pour mener l’action ? Quelle instance supérieure lui confère son autorité, et comment ce mandat définit-il les limites et les prérogatives de son intervention ?

légitimité : à quel point l’organisation qui porte l’action est-elle reconnue et acceptée par les parties prenantes ? 

processus de prises de décision : dans quelle mesure les processus de prises de décision sont-ils participatifs ? réactifs ? transparents ? fondés sur des données probantes ? Quelles est la qualité de la mise en execution ? 

transparence : dans quelle mesure l’organisation dispose-t-elle d’une politique de divulgation publique ? Garantit-elle un accès facile à l’information pour les usagers ? Répond-elle à toute demande d’information ? Publie et diffuse ses évaluations ?

gestion des savoirs et des apprentissages

efficacité et efficience des processus


La route cranté au centre reflète la nature interconnectée des 4 niveaux de focus. Une variation au niveau du contexte d’intervention aura des répercutions aussi bien sur les partenaires, sur les usagers que sur l’organisation qui porte l’action. 

L’exercice prospectif consistera notamment a anticiper les répercussions de chaque altération au niveau de chaque point de focus.

Dans le cadre de la démarche HQSE, un équilibre doit être trouvé dans le poids de l’analyse apporté entre les différents critères. De la même manière, l’analyse des différentes composantes du tableau de bord prospectif devra s’équilibrer. L’analyse du contexte correspond au critère de pertinence. Le regard des usagers interrogera la pertinence mais également l’impact et la pérennité. L’analyse des parties prenantes pourra éclairer la cohérence externe. Enfin  la composante interne apportera une  introspection sur la cohérence interne et plus prosaïquement  l’efficacité et efficience des processus.

Cette recherche d’équilibre entre les composantes du tableau de bord prospectif se répercutera au moment de formuler les questions évaluatives : s’assurer que chaque vision, chaque regard, chacune des 4 facettes du tableau soit non seulement prise en compte mais  également transcrite noir sur blanc à travers la formulation de questions. Celles-ci serviront de points de mire au Système de Suivi et Evaluation, abordées et spécifiés à chaque séminaire de Suivi Evaluation Apprentissage.

Bien sûr, les critères transversaux demeurent et vont venir se greffer sur le tableau de bord existant.

équité, environnement, tableau de bord prospectif
Egalement une analyse des enjeux environnementaux et processus de discrimination dans l’accès au programme.

Une composante environnementale, plus globale, qui intègre les 4 champs de vision présentés préalablement : par exemple un focus en terme de bilan carbone, consommation énergétique, contribution au réchauffement climatique, impact sur la faune et la flore…

Egalement un champ d’analyse en terme de discrimination. Que cela soit en terme d’âge, de genre, de langue, d’ethnie, d’origine sociale, de lieu de résidence, de religion, de handicap, d’engagement politique ou civique : existe-t-il des facteurs de discrimination, que cela soit au niveau du fonctionnement interne de la structure, de l’accès au service, entre parties prenantes ou influant sur les dynamiques en cours ?

En bref : la conception d’un tableau de bord prospectif dans la mise en place d’une action publique

Adapter le tableau de bord prospectif aux actions publiques implique de considérer simultanément quatre perspectives : le contexte, les usagers, les partenaires et l’organisation interne.

Intégrer chacune de ces perspectives lors de la conception de l’action permet d’affiner la modélisation et d’adapter celle-ci dans un cadre systémique.

Cette approche facilite la formulation de questions d’évaluation précises et alimente de manière équilibré le système de suivi et d’évaluation.

Pour aller plus loin
Liens externes
  • Concept of the Corporation, Peter Drucker’s, 1946
  • Le tableau de bord prospectif, Robert S. Kaplan, David P. Norton, 2001
  • Dix ans de débats autour du Balanced Scorecard, D.Choffel, 2005

Date de diffusion : 2019
Date de mise à jour : 2024
Sébastien Galéa