Quatrième conférence Évaluation des politiques publiques

Jeudi 13 décembre 2018, organisée par l’AFSE et la direction générale du Trésor

Pour cette quatrième édition, les organisateurs (le Trésor, l’AFSE, la Banque de France) poursuivent leur positionnent de l’évaluation quantitative et causale comme un outil incontournable pour éclairer le débat public et guider la décision politique en France. Le choix des thèmes et des institutions démontre un focus délibéré sur des problématiques concrètes françaises ou transposables, traitées avec des méthodes économétriques de pointe. La quasi-totalité des papiers cherche à répondre à une question de type causal : « Quel est l’effet de la politique X sur le résultat Y ? »la quasi-totalité des papiers cherche à répondre à une question de type causal : « Quel est l’effet de la politique X sur le résultat Y ? ». Ces études qui utilisent des méthodes quasi-expérimentales (doubles différences, variables instrumentales, etc.) pour isoler un lien de cause à effet.

1. Appel à communications

Conçue comme un lieu de rencontre entre membres de l’administration économique et économistes académiques, cette conférence annuelle a pour objectif de rassembler des contributions sur l’analyse et l’évaluation quantitatives des politiques publiques afin de contribuer à l’identification des politiques efficaces, d’offrir des éléments de comparaison internationale et de discuter des méthodes les plus récentes.

Rédigées en français ou en anglais, les contributions peuvent porter sur divers domaines des politiques publiques tels que la fiscalité, l’emploi, les politiques sociales, l’éducation, la santé, l’environnement ou encore l’innovation. Les analyses d’ordre méthodologique sont également bienvenues.

Les auteurs de contributions présentées à cette conférence sont invités à les soumettre à la revue Économie et Prévision.

Les soumissions (sous forme d’articles entièrement rédigés) étaient à envoyer à afsetresor@afse.fr avant le 17 septembre 2018.

Le comité de programme porte une attention particulière aux politiques françaises ou transposables à la France.

Plus d’informations

Comité de programme :

Agnès Bénassy-Quéré, Université Paris 1, Antoine Bozio, EHESS, PSE et Institut des Politiques Publiques, Martine Carré-Tallon, Université Paris-Dauphine, Claude Diebolt, CNRS, BETA et Université de Strasbourg, Brigitte Dormont, Université Paris-Dauphine, Anne Épaulard, Commissariat Gal à la stratégie et à la prospective – Université Paris-Dauphine, Michel Houdebine, Direction Générale du Trésor, Rémy Lecat, Banque de France, Fabrice Lenglart, France Stratégie, Claire Loupias, Direction Générale du Trésor, Selma Mahfouz, Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, Vincent Marcus, Commissariat Général au Développement Durable, Guy de Monchy, Association Française de Science Économique, Jean-Eudes Moncomble, Conseil Français de l’Énergie, Katheline Schubert, PSE, Université Paris 1, Jean-Luc Tavernier, Institut national de la statistique et des études économiques, Xavier Timbeau, Observatoire Français des Conjonctures Économiques

2. Conférence évaluation des politique publique

Les contributions sélectionnées et présentées le 13 décembre 2018 :

Session 1 – Emploi

  • The Public Sector Wage Gap: New Evidence from Panel Administrative Data – Olivier Bargain (Université de Bordeaux), Audrey Etienne (Université d’Aix-Marseille), Blaise Melly (Université de Bern)
  • Labor Market Consequences of Selective Immigration Policy: Analysis of a French Reform – Sara Signorelli (Paris School of Economics)
  • Gender Quotas in Hiring Committees: a Boon or a Bane for Women? – Pierre Deschamps (Sciences Po)

La conclusion de cette étude est profondément contre-intuitive et a créé un véritable débat. En analysant la loi française de 2015 imposant un quota de 40% de femmes dans les comités de sélection universitaires, l’auteur montre que cette réforme, pensée pour aider les femmes, a en réalité significativement diminué leurs chances d’être recrutées. L’auteur suggère l’existence de mécanismes complexes et inattendus, comme un effet de « backlash » (réaction négative) de la part des hommes, ou un effet de « licence morale » (les hommes se sentiraient autorisés à être plus sévères après avoir respecté la « bonne action » d’instaurer le quota). Cet article, qui a depuis été publié dans la prestigieuse revue Management Science, est un « fait polémique » car il met en lumière l’échec potentiel d’une politique publique bien intentionnée. Il oblige à repenser la manière de concevoir les politiques de parité, en montrant que la simple ingénierie des chiffres peut avoir des conséquences inverses à celles désirées si les biais comportementaux ne sont pas pris en compte.

  • When Short-Time Work Works – Pierre Cahuc (Sciences Po), Francis Kramarz (CREST), Sandra Nevoux (Banque de France)

Présenté en 2018, ce papier analysait l’efficacité du chômage partiel durant la crise de 2008. Il a fourni des arguments solides montrant que le dispositif de chômage partiel était efficace pour sauver des emplois dans les entreprises frappées par un choc temporaire mais violent.

Note de contexte

Note de contexte

Moins de deux ans plus tard, la crise du COVID-19 éclatait, faisant du dispositif de chômage partiel l’outil principal de sauvetage de l’emploi en Europe. Cet article a été abondamment cité dans les notes de conjoncture (Banque de France, Dares) et les analyses qui ont accompagné la mise en place de l’activité partielle à une échelle inédite en 2020. L’étude a donc servi de base analytique cruciale pour comprendre et justifier l’utilisation massive du « quoi qu’il en coûte ».

Postérieurement à l’article et dans le contexte COVID, les auteurs se sont accordés à dire que l’utilisation massive et non ciblée du chômage partiel était justifiée et indispensable au tout début de la crise (mars-avril 2020). Face à un choc d’une violence inouïe et à l’incertitude radicale, l’objectif était d’éviter un effondrement économique et social. À ce moment-là, la vitesse et l’ampleur de la réponse primaient sur le ciblage. Il s’agissait d’une mesure de « gel » de l’économie. Cependant, les auteurs ont très vite alerté sur les dangers de prolonger un tel dispositif de manière indifférenciée. Dès juillet 2020, soit très tôt dans la crise, Pierre Cahuc publiait une tribune intitulée « Les dégâts collatéraux du chômage partiel ». Si le dispositif est maintenu trop longtemps sans conditions, il engendre des effets pervers, comme des « entreprises zombies », creusant une dette qu’il faudrait bien rembourser.

Session 2 – Innovation et financement des entreprises

  • The Evaluation of the Italian “Start-up Act” – Timothy DeStefano (OCDE), Francesco Manaresi (Banque d’Italie), Carlo Menon (OCDE), Pietro Santoleri (École supérieure Sant’Anna), Giovanni Soggia (Banque d’Italie)
  • Assessing the impacts of the French competitiveness clusters policy on SMEs’ innovation and economic performance – Modou Mar (Université Grenoble Alpes)
  • Lower bank capital requirements as a policy tool to support credit to SMEs: evidence from a policy experiment – Michel Dietsch (Université de Strasbourg), Henri Fraisse (ACPR), Mathias Lé (EconomiX, CNRS), Sandrine Lecarpentier (Université Paris-Nanterre)
  • Real effects of central bank collateral policy – Louis-Marie Harpedanne de Belleville (Paris School of Economics, Banque de France)

Session 3 – Environnement

  • Competitive Permit Storage and Market Design: An Application to the EU-ETS – Simon Quemin (Université Paris Dauphine) & Raphaël Trotignon

La recherche de Simon Quemin et Raphaël Trotignon analyse l’efficacité de la Réserve de Stabilité du Marché (MSR), un mécanisme mis en place pour corriger le surplus de quotas sur le marché carbone européen (EU-ETS). À l’aide d’un modèle économique qui simule le comportement des entreprises, les auteurs montrent que si la MSR a bien réussi son objectif de réduire l’offre et donc de faire remonter les prix du carbone, sa capacité à stabiliser le marché face à des chocs économiques est plus limitée et asymétrique. L’étude conclut que le design de cet outil interagit de manière complexe avec les stratégies de stockage de quotas des entreprises, rendant son efficacité très dépendante du comportement des acteurs du marché.