Recherche action

Aux origines de la recherche action

Le père fondateur de cette discipline est le psychologue d’origine allemande, Kurt Lewin.

Kurt Lewin débute ses recherches pendant la 1ère guerre mondiale avec pour inspiration le fait que « la perception de l’environnement dépend fortement des motivations, des attentes et des caractéristiques de l’individu ».

Il poursuivra sa carrière aux Etats-Unis, avec notamment des expérimentations en milieu scolaire. Lewin divisera les enfants en 3 groupes chargés de réaliser des avions en papier. Dans un groupe le climat sera directif, c’est à dire que les enfants recevront des ordres et des instructions strictes. Dans un deuxième groupe le climat sera participatif, c’est à dire que l’adulte répondra aux sollicitations spontanées des enfants. Et dans le troisième groupe, un climat de laisser-faire où les enfants devront se débrouiller seuls. L’objet de l’étude est d’analyser les différents résultats atteints par chaque groupe en fonction des climats générés.

Kurt Lewin tout au long de sa carrière va promouvoir des valeurs de tolérance, de liberté et orientera ses recherches notamment sur la démocratie.

Portrait de Kurt Lewin, "si vous souhaitez réellement comprendre quelque chose, essayez de le changer"
Kurt Lewin, père fondateur de la recherche-action (action research)

La recherche comme moyen d’action

Divers courants précédèrent Kurt Lewin qui déjà conféraient une valeur à une théorie en fonction de son efficacité pratique : il n’est possible de découvrir des choses nouvelles qu’à travers l’expérimentation.    

Le courant de l' »action research » va se fragmenter postérieurement à Kurt Lewin en différentes écoles de pensée. Deux constantes subsistes néanmoins :

  1. Transformer la réalité
  2. Produire des connaissances sur ces transformations

Parfois intitulée « recherche-intervention » ou « recherche-expérimentation », la recherche action est un prolongement particulier de la recherche traditionnelle en sciences sociales. 

La recherche se convertit un moyen d’action.

Avec une certaine résonance ou directement en lien avec le courant d’éducation populaire, la recherche action vise une émancipation ou autonomisation des publics avec lesquelles elle interagit.

La recherche action vise ainsi une meilleure compréhension du problème mais essaie aussi de contribuer à la résolution du problème social étudié.

Il s’agit d’une part de transformer la réalité mais également de produire des connaissances concernant ces transformations.

Agir sur le réel autant qu’on l’observe

Le postulat de base est que la présence du chercheur modifie forcément son terrain.

L’humain et le social, en tant qu’objets d’étude, présentent des caractéristiques spécifiques qui appellent la mise en place d’une méthodologie différente de celle qui a cours dans les « sciences dures ».

Quelques exemples concrets de recherche action :  

« favoriser les compétences sociales à l’école : un exemple de recherche-action en zone d’éducation prioritaire », menée par des psychologues en Alsace auprès d’écoliers de maternelle « agressifs et perturbateurs » en 2006.

➡ « La recherche-action face au risque climatique en montagne », Questions de communication, Mikaël Chambru et Jean-Philippe De Oliveira, 2022

Caractériser les trajectoires de jeunes de quartiers populaires : une analyse par les récits de soi, Jeanne Demoulin, Leïla Frouillou et Collectif Pop-Part, 2022

Actions Paysagères Entre Recherches Et Projets. Sept Années De Tâtonnements Et Questionnements, Chambelland, Benjamin, Juin 2023

Ce courant et cette volonté d’émancipation vont parfois de pair avec un certain engagement, un certain militantisme ou activisme. Ce sera ainsi un point de vigilance par rapport à cette méthode : limiter l’usage de ressorts scientifiques pour défendre sa propre vision.

Trouver des relais et nouer des partenariats avec des équipes de recherche

Dans le cadre de la mise en oeuvre d’un projet, programme ou politique publique, l’intérêt d’incorporer de la recherche action est ainsi de pouvoir décloisonner, ouvrir le spectre des questions évaluatives et se donner des moyens accrus pour y répondre. Ou encore, plus simplement, comme cela a déjà été évoqué avec l’étude monographique, vérifier systématiquement si les terrains d’intervention sont susceptibles d’intéresser des équipes de recherche et favoriser de potentiels partenariats.

Exemple 1 : une formulation libre des questions évaluatives

L’intérêt est de pouvoir aborder des questions que vous n’avez pas le temps, pas les moyens ou pas les compétences en interne de pouvoir traiter. Dans l’exemple ci-dessus, la question évaluative n’émerge pas d’une visite de terrain. Elle développe au contraire des hypothèses à partir d’une non visite : comprendre un état de fait, analyse d’une certaine réalité.

Exemple 2 : vérifier systématiquement quelle université ou laboratoire de recherche pourrait être intéressé par notre terrain d’intervention (quel que soit le secteur d’intervention : santé, social, éducation, environnement, développement agricole, urbanisation, etc.) Recherche-action sur la mise en œuvre de projets pédagogiques innovants dans des lieux d’accueil de loisirs d’enfants, Université de Tours.

Dans ce deuxième exemple, ce sont des équipes de terrain qui ouvrent leurs portes et qui sollicitent un laboratoire de recherche pour les appuyer dans l’expérimentation.

Pour aller plus loin :

Sites :

Ouvrages :

  • La recherche action, Jean-Paul Resweber, collection Que sais-je?, psychologie et psychanalyse, 1995
recherche-action, Jean-Paul Resweber

Né en 1941, Jean-Paul Resweber est professeur émérite de philosophie à l’Université de Lorraine où il a enseigné de 1991 à 2009, après avoir été professeur de philosophie aux universités de Strasbourg, puis de Brest. Il a fondé le département de philosophie de l’Université de Metz et il est le co-fondateur de la revue Le Portique.

  • La recherche-action – Une autre manière de chercher, se former, transformer, Pierre-Marie Mesnier, Philippe Missotte, 2003
Recherche-action : une autre manière de chercher, se former, transformer

Cet ouvrage présente une réflexion sur l’état actuel des recherches-actions ou de formes apparentées. Un de ses objectifs est aussi d’ouvrir le débat sur leurs principes, leurs résultats, leurs fondements. Ce livre s’organise en quatre parties. Il s’ouvre par une série d’exposés situant la recherche-action dans ses dimensions épistémologique, historique et langagière, avec Jacques Ardoino, Guy Berger, Michel Bataille, Roland Colin, René Barbier, Lorenza Mondada.

Articles :

Méthodes et outils

Date de première diffusion : 2010
Dernière actualisation : 202
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