Bibliothèque

L’évaluation est un outil de gestion et d’aide à la décision, mais elle n’apporte pas de solution miracle. Elle permet de mieux comprendre la dynamique de la bibliothèque, d’affiner les analyses, de dialoguer et de négocier avec les décideurs. Les politiques culturelles devraient être évaluées aussi selon leurs propres objectifs symboliques (liberté, bien-être, créativité), même si ces dimensions sont plus difficiles à mesurer.

L’étude répond à la demande du ministère de la Culture et de l’Association des bibliothécaires de France de produire un référentiel commun sur les impacts des bibliothèques territoriales (municipales, intercommunales, départementales). Les bibliothèques publiques sont des institutions clés pour l’accès à la culture, la formation, la cohésion sociale et le développement territorial. Leur évaluation doit dépasser la simple mesure de la fréquentation pour rendre compte de leur contribution profonde et multiple à la société. L’évaluation des bibliothèques ne peut se réduire à un modèle unique : elle doit tenir compte de la diversité des missions, des contextes territoriaux et des parties prenantes.

L’ouvrage détaille douze catégories principales d’impacts, chacune faisant l’objet d’une fiche technique explicitant définitions, variations, publics cibles, éléments de mesure et exemples d’actions :

  1. Facultés cognitives : développement de l’attention, mémoire, raisonnement, créativité par la lecture et les activités culturelles.
  2. Littératies : capacités à comprendre, utiliser et produire de l’information (écrite, numérique, etc.), lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme.
  3. Construction de soi : formation de l’identité, de la sensibilité et de l’autonomie par la rencontre avec les œuvres culturelles.
  4. Civilité : sentiment d’appartenance, respect des règles, développement du civisme et de la tolérance.
  5. Encapacitation (empowerment) : capacité des individus à agir, à faire valoir leurs droits, à participer à la vie sociale.
  6. Pratiques culturelles et numériques : diversification et intensification des usages culturels et numériques.
  7. Densification des réseaux et partenariats : développement de collaborations avec d’autres acteurs locaux.
  8. Démocratisation culturelle, égalité des chances : réduction des inégalités d’accès à la culture.
  9. Réussite éducative : soutien à la réussite scolaire et à l’apprentissage tout au long de la vie.
  10. Employabilité : acquisition de compétences transférables pour l’insertion professionnelle.
  11. Amélioration de la tranquillité publique : contribution à la cohésion sociale et à la prévention des incivilités.
  12. Attractivité du territoire : rôle dans le rayonnement et la vitalité des territoires.

Cet article s’inscrit dans une réflexion sur l’évaluation et la qualification des effets des bibliothèques publiques sur leur territoire. Une mise en lumière de la difficulté de mesurer des effets souvent immatériels ou indirects des bibliothèques et une invitation à développer des outils d’évaluation adaptés à la complexité de leurs missions. L’accent est mis sur la nécessité de prendre en compte des effets qualitatifs, tels que l’inclusion sociale, la cohésion territoriale, le développement des compétences, ou encore la contribution à la vie démocratique. Les auteurs encouragent les professionnels et décideurs à repenser les indicateurs de performance et à valoriser les impacts sociaux et culturels des bibliothèques.

Les bibliothèques publiques ont progressivement adopté les démarches d’évaluation issues du secteur public, en adaptant les méthodes à leurs spécificités : diversité des missions (culturelle, éducative, sociale), pluralité des publics, et variété des services proposés. Le mémoire conclut que si les enjeux de l’évaluation restent globalement stables (légitimation, pilotage, amélioration), les outils et méthodes connaissent une diversification enrichissement (enquête de satisfaction, indicateurs qualitatifs,…). Les bibliothèques publiques disposent désormais de moyens plus variés et sophistiqués pour évaluer des dimensions jusque-là moins visibles. Pour autant, l’évaluation en bibliothèque publique reste souvent incomplète. alors qu’elle pourrait aider à donner du sens aux actions menées et à renforcer leur légitimité en facilitant le dialogue avec les tutelles, les équipes et les usagers.

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