Changement le Plus Significatif

La méthode du « changement le plus significatif » (CPS ou MSC pour Most Significant Change), développée par Rick Davies est basée sur le recueil de récits personnels et s’inspire de la recherche sociale. Cette méthode a particulièrement été utilisée dans le secteur du développement. Utilisée dans une démarche d’apprentissage, cette approche aide à capturer le changement et à appréhender les effets d’un programme.

La méthode du changement le plus significatif est qualitative et participative. Sans indicateurs, elle s’articule autour de deux questions clés :

1. En tournant le regard vers le mois écoulé, qu’est-ce qui, selon vous, a été le changement le plus significatif dans [domaine particulier de changement]?
2. De tous ces changements significatifs, lequel selon vous a été le plus significatif de tous ?
Illustration changement le plus significatif :
- nous avons cet indicateur qui mesure...
- laissez-moi plutôt vous raconter une histoire...
Méthode du changement le plus significatif : en réaction au tout quantitatif

La méthode permet une hiérarchisation et un jugement de valeur sur les changements au cours d’un programme. Elle est transversale à travers les cultures (raconter une histoire) et ne nécessite pas forcément de compétences approfondies en Suivi Evaluation dans sa mise en oeuvre.

Le Changement le Plus Significatif favorise l’analyse : les participants doivent justifier pourquoi ils pensent qu’un changement est plus remarquable qu’un autre. Elle permet de suivre et évaluer des initiatives partant de la base, sans résultats prédéfinis (sans analyse possible des écarts).

Dans quel contexte ?

Le Changement le Plus Significatif est plus particulièrement approprié dans des programmes complexes aux résultats incertains, notamment :

  • axés sur le changement social
  • aux valeurs participatives
  • peu adaptés aux outils de suivi quantitatifs
  • en complément d’autres outils

Les 10 étapes du processus

  1. Sensibilisation, briefing et formation (identification de sites pilotes et de relais d’information)
  2. Identification des domaines de changement (cette étape peut aussi être réalisée a posteriori)
  3. Définir la fréquence de collecte des histoires
  4. Collecte des histoires
  5. Sélection des histoires les plus significatives
  6. Retour d’information au niveau du terrain
  7. Vérification des histoires
  8. Quantification (donner un ordre de grandeur quantitatif à ces éléments qualitatifs)
  9. Analyse secondaire et méta-monitoring (exploitation des données)
  10. Révision du modèle (changement des domaines de changement, changement de la fréquence de collecte, etc.)

La méthode a été développée par l’australien Rick Davies dans les années 90 et s’accompagne d’un guide d’utilisation (2005, Rick Davies et Jess Dart).

Exemple d’histoire de changement :

L’émergence d’une coopération multi-acteurs à Sefa


« Du 17 au 19 Septembre 2019 à Sedhiou (région Sud/Sénégal), dans le cadre du lancement de notre première édition de formation sur le Digital Work, j’ai pu observer auprès des participants, après la formation, un changement significatif sur la « collaboration au travail ». En effet, cette formation sur les outils du Design Thinking a donné l’opportunité aux participants :

– De maitriser les outils nouveaux pour mettre en place un projet commun;
– De cultiver en eux le désir de coopérer et de travailler ensemble sur les projets d’intérêt général dans la commune de Séfa (Région de Sedhiou) ;
– D’identifier ensemble (Agent de la Maire, Entrepreneurs, acteurs de la société civile..) les opportunités culturelles pour développer le tourisme local de la région.

Enfin, cette formation a permis aux participants de mieux comprendre cette maxime africaine, je cite : « Pour aller vite, il faut marcher seul. mais pour aller loin, il faut marcher ensemble » d’où développer l’esprit collaboratif sur les projets d’intérêt commun. »


Pourquoi ce choix ?

Ce récit a été retenu car il illustre un changement inattendu : une formation technique a servi de catalyseur à une transformation sociale. Le changement le plus significatif identifié ici n’est pas technique, mais relationnel. Au-delà de l’acquisition de compétences numériques, l’histoire démontre comment des outils méthodologiques peuvent briser les silos entre secteur public, privé et société civile pour initier une véritable dynamique de développement local.

Malik


Cette méthode permet de s’extraire des évaluations contractuelles et mécaniques basées sur les seuls critères du CAD : pertinence, cohérence, efficacité, efficience, impact, durabilité. L’identification des domaines de changement sont autant de critères d’évaluation potentiels. La collecte des histoires permet de les identifier, de les approfondir, de les transformer en indicateurs, de les hiérarchiser, de les comptabiliser mais aussi d’instaurer une relation directe avec l’usager.

La méthode du changement le plus significatif (Most significant change) : en bref

La méthode du Changement le Plus Significatif  utilise des récits personnels pour saisir les effets d’un programme sans recourir à des indicateurs prédéfinis. Elle repose sur deux questions clés invitant les participants à identifier le changement le plus significatif dans un domaine particulier sur une période donnée, puis à justifier pourquoi ce changement est le plus marquant. Cette approche, qui transcende les cultures grâce à l’utilisation du récit et sert de contrepoids au tout quantitatif. 

Pour aller plus loin :
En pratique :
  • La technique du changement le plus significatif Suivi de la responsabilisation pour le droit à la santé –  Fonds de Soutien Tiers-Monde – Décembre 2010

Méthodes et outils

Date de première diffusion : 2015
Dernière actualisation : 202
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Sébastien Galéa