Les recommandations

Une recommandation est une indication, un avis, un conseil. 

Ces recommandations s’incorporent tout au long du cycle de projet.

Ces indications vont venir actualiser les modélisations en faisant apparaitre des contraintes, des conditions nécessaires au changement, éclairant d’éventuelles bifurcations ou activités complémentaires à entreprendre, jusqu’alors non programmées. Les recommandations finales d’un rapport d’évaluation ne sont souvent que la partie visible de l’iceberg. Nous évoquons ici la capacité à détecter des signaux même faibles tout au long de l’action, un temps de latence réduit afin de pouvoir analyser ces signaux et les faire circuler dans le système de suivi et évaluation, les traiter, les valider et surveiller leur mise en application en conservant cette aptitude à les réorienter.

Il est souvent évoqué deux types de recommandations : opérationnelles et stratégiques.

Les recommandations opérationnelles sont liées à des modifications ou réorganisations au sein mêmes des activités.

Les recommandations stratégiques quant à elles sont relatives à l’ajustement du niveau d’intensité des activités (le volume), leur abandon, l’activation de nouvelles activités, pour un même objectif. Ou encore à un niveau supérieur et démontrant la salubrité du système : l’opportunité et potentialité de remise en cause de l’objectif même.

En pratique, tel l’effet papillon, tout est enchevêtré.

A titre d’exemple, dans un programme d’alphabétisation à destination de commerçantes ambulantes, l’identification, la location et l’équipement des centres de formation figurent parmi les activités. A l’usage, les commerçantes ne se déplacent que peu car un des centres est trop éloigné des points de ventes : il s’agissait bien d’une décision stratégique au coeur d’une simple activité, qui justifiera la déménagement et la re-localisation de certains centres de formation. 

Une recommandation est le fruit d’un amas de constations et émerge d’une analyse de données. Toutes les constatations et recommandations recueillies au fil du temps émergent des propres systèmes d’analyse et considérations des acteurs concernés.

Par analyse de données, il n’est pas forcément entendu ici de mécanismes sophistiqués mais, par exemple, de la simple appréciation par une commerçante d’une distance raisonnable entre le centre de formation et ses points de vente pour qu’elle puisse assister au cours, entre autres conditions nécessaires. C’est à l’équipe projet ou au responsable SE qu’il incombe par  la suite de pondérer ces données, des les croiser, de les vérifier pour arbitrer dans le sens des objectifs du projet. Puisque l’équipe projet ne maitrise pas tous les éléments (dans notre exemple le marché immobilier), tout arbitrage aura sa part d’aléatoire, et c’est ici qu’entre en jeu l’orientation stratégique.

A quel point le projet devrait être ré-orienté au regard des indications qui émergent, et jusqu’à quel niveau hiérarchique remonter ? 

Dans ce contexte global avec forcément une part d’aléatoire, l’opérationnalité du système de suivi évaluation est un minima. A défaut, équavalent à naviguer dans la houle avec des outils de navigation défectueux.  Chaque fonction du système devrait ainsi être précisée et huilée avant de prendre le large, grâce aux apports de l’analyse systémique.

Concrètement, intégrer ou vérifier :

  • les flux : les mécanismes permettant d’intégrer et de faire émerger indications, avis, conseils tout au long du processus
  • les centres décisionnels permettant de transformer une recommandation en action : à titre binaire (décision actée ou non) mais aussi en tant que valve (à quel débit ? La décision intègre l’ampleur et le dynamisme à impulser à chaque nouvelle orientation
  • les boucles de rétroaction, le nécessaire retour qui est fait vers l’émetteur pour un dialogue continu 
  • les délais de réponse : dans l’exemple précédent, des délais de validation trop lents ne permettront pas de saisir une opportunité immobilière idéale de centre de formation au plus près des points de vente
Le cycle d’intégration des recommandations. Tout d’abord, la capacité à intégrer les différents avis et points de vue, ensuite à les mettre en forme, se les approprier. Alors une phase d’arbitrage basée sur la transparence et réactivité des processus de prise de décision. Enfin le déploiement de la recommandation. Le cycle nourrit l’apprentissage du projet lequel nourrit l’apprentissage institutionnel ou sectoriel.

Pour aller plus loin


Date de première diffusion : janvier 2023
Date de mise à jour : juin 2023